Ce texte est extrait du dernier ouvrage de Matthieu Ricard intitulé Carnets d’un moine errant, à découvrir ici.
Mais est-il vraiment possible de faire une différence en ce monde par nos simples actions individuelles ? Aurais-je mieux fait de mener ma vie de moine, de retraitant dans les ermitages himalayens, poursuivant mon chemin spirituel de tout mon cœur, loin de l’agitation du monde et de la dispersion inévitablement engendrée par d’incessantes activités ? Je me posai cette question avec une acuité́ toute particulière, il y a quelques mois, alors qu’en survolant l’Asie centrale au retour du Népal je regardais Human, le film poignant de Yann Arthus-Bertrand
L’amour, le bonheur sont les aspirations les plus universellement partagées. Pourtant, les inégalités sont légion et le fossé ne cesse de se creuser entre les plus pauvres et démunis et une poignée de nantis qui accumule les milliards au sommet de la pyramide. Que pèsent nos idéaux de bonté et d’altruisme face à ce constat ? Comment contribuer au bonheur de tous dans la confusion qui semble présider au cours du monde ?
Certes, mes choix et initiatives, et bien plus encore celles de Karuna-Shechen, ont pu apporter un peu de bien, sauvant de nombreuses vies, ce dont je me réjouis du fond du cœur. Et je me fis alors la réflexion que c’était peut-être là l’essentiel, l’étincelle de départ…
Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir des idées et de ceux qui les mettent en action ! En transformant notre propre esprit et notre vision du monde, peu à peu nous pouvons activement contribuer à changer nos priorités et transformer nos cultures. Bien des changements majeurs qui se sont produits dans les sociétés paraissaient improbables à première vue. Satyagraha, le principe qui inspira la résistance non violente instaurée par Gandhi, signifie « la force de la vérité́ ». C’est elle qui agit et déplace des montagnes.
Tout changement est initié par quelques personnes conscientes de la nécessité́ d’œuvrer à un monde meilleur. Ils possèdent cette intime conviction qu’il est possible de réaliser leurs aspirations, leurs rêves. Ils peuvent être taxés d’idéalistes parfois, voire d’agitateurs et se voir fustigés par les tenants du statu quo. Peu à peu cependant, d’autres ouvrent les yeux et rejoignent leur cause. Lorsque leur nombre atteint une masse critique, l’opinion publique bascule. « D’abord, ils vous ignorent, puis ils rient de vous, puis ils vous combattent, puis vous gagnez », disait Gandhi.
Face à la hausse des inégalités, Karuna-Shechen s’engage pour briser le cycle de l’extrême pauvreté. Pour découvrir des pistes de réflexion et d’action sur le sujet, rendez-vous le 31 mars à 20h pour découvrir un échange exclusif entre Matthieu Ricard et Xavier Emmanuelli, Fondateur du SamuSocial. Pour participer, cliquez ici.