La coopération altruiste s’impose aujourd’hui avec une acuité d’autant plus forte que nous faisons face à des désastres socio-économiques et écologiques majeurs. Ces enjeux génèrent du trouble, de la confusion et des questionnements d’apparence complexes, mais il s’agit en définitive d’une simple opposition entre altruisme et égoïsme, au niveau individuel et collectif. La coopération peut-être fondée sur une réciprocité généralisée guidée par la promotion d’intérêts mutuels ou d’avantages partagés, notamment la préservation des biens communs — la qualité de l’air, des océans, la démocratie, l’avancement des connaissances-, mais elle doit aussi pouvoir s’étendre à engagement purement altruiste et désintéressé à œuvrer pour le bien commun, incluant toutes les espèces qui constituent le monde du vivant, sans être motivé par l’attente d’une contrepartie.
La coopération altruiste est une dynamique collective. L’entraide désintéressée renforce la confiance et le respect entre les membres d’une communauté et bien qu’elle soit clairement dirigée vers l’autre, c’est aussi la meilleure manière de donner du sens à notre existence. Bien plus qu’une valeur abstraite, elle est un choix délibéré, un langage universel qui tient compte de l’interdépendance qui relie fondamentalement tous les êtres entre eux et au monde dans lequel ils vivent.
Les travaux récents sur l’évolution des espèces ont clairement montré qu’au cours de l’évolution, la coopération a été beaucoup plus créative que la compétition pour arriver à l’émergence d’espèces eusociales dont nous faisons partie. Des premières communautés aux développements de sociétés complexes, la capacité à collaborer a été déterminante pour surmonter les défis et bâtir des structures résilientes.
Cette capacité à s’unir pour le bien commun se manifeste dans de nombreux exemples : les avancées médicales, les réseaux de secours, les progrès scientifiques, tous fruits d’une collaboration efficace. En 2010, après le séisme dévastateur en Haïti, une mobilisation internationale s’est rapidement organisée. La coopération des équipes de secours, des ONG et des milliers de bénévoles a permis d’assurer les soins médicaux et l’assistance alimentaire des populations touchées. Cette dynamique d’entraide s’est également étendue au domaine technologique. Des plateformes comme OpenStreetMap ont permis aux volontaires du monde entier de cartographier les zones sinistrées en temps réel, permettant aux secours d’atteindre les endroits les plus isolés.
Faire de la solidarité une norme et non une exception, c’est considérer que chaque geste altruiste contribue à construire un monde plus juste et harmonieux, qu’il s’agisse de partager des ressources ou de tendre la main à ceux dans le besoin.
À l’approche des fêtes de fin d’année, nous pouvons donc agir efficacement et simplement en soutenant des initiatives qui favorisent la solidarité, en donnant de notre temps ou de nos ressources.
Chaque action que vous entreprenez, qu’elle soit individuelle ou collective, peut devenir un maillon clé d’une grande chaîne de coopération altruiste. En offrant un geste bienveillant, en participant à des projets communautaires ou en soutenant des organisations engagées, vous contribuez activement à une dynamique collective fondée sur la bienveillance et l’entraide.
Vos choix et vos actions, même celles que vous considérez des plus modestes, ont le pouvoir de renforcer la coopération altruiste et de faire une réelle différence.
Offrez des cadeaux éthiques ou solidaires, prenez un peu de votre temps pour emballer des colis pour des œuvres caritatives, invitez une personne isolée à partager un moment chaleureux. Ces gestes, aussi simples soient-ils, s’inscrivent dans une dynamique de compassion et de partage qui peut illuminer les fêtes pour ceux qui en ont le plus besoin. Même à table, vous pouvez faire des choix qui reflètent vos valeurs en optant par exemple pour des alternatives au foie gras, afin de ne pas festoyer au prix de la souffrance et de la mort d’autres êtres vivants. Vous prenez position pour une consommation plus respectueuse du bien-être animal.
Dans son ouvrage, Rachel Naomi Remen¹ partage des récits inspirés de son expérience personnelle et professionnelle en tant que médecin et patiente elle-même, mettant en lumière l’importance cruciale de l’amour altruiste et de la compassion dans la guérison et dans l’enrichissement des liens humains.
Être à l’écoute de l’autre, des autres avec une entière bienveillance, sans exclure personne de notre cœur, est sans doute la meilleure attitude que nous pouvons engendrer à l’occasion de cette période de fêtes. Le monde, si troublé, et nous toutes et tous en avons plus que jamais besoin.
Instaurer un avenir plus compassionnel est possible en agissant ensemble en prenant en considération la pauvreté au sein de la richesse, le sort des générations futures, les autres espèces, et nos écosystèmes.
Karuna-Shechen lance sa campagne de fin d’année sur le thème de la coopération altruiste. Face aux défis globaux et aux besoins urgents des populations les plus vulnérables, elle apparaît comme une réponse puissante. Découvrez comment nous travaillons ensemble pour faire une différence réelle et durable dans la vie de milliers de personnes en Inde, au Népal et au Tibet.
¹Kitchen Table Wisdom: Stories That Heal (1996)
Photo : Matthieu Ricard. Moines tibétains du Monastère de Shéchèn au Népal, s’entraînant sur une prairie pyrénéenne, durant une tournée de représentations de danses sacrées en France 2004.