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L’invasion des déchets – 2

(Extrait de la préface de Matthieu Ricard au Livre « Recycle » de Didier Ruef)

Il y a peu de temps, j »ai eu l’occasion de nager au milieu d »une trentaine de requins baleine, au large des côtes du Mexique. Mais dans le faisceau des rayons chatoyants qui illuminait l »océan et les requins qui nous entouraient, flottaient comme de grandes bulles d »eau minérale, des sacs en plastique et des déchets de toutes tailles et, bizarrement, un coupon d »enregistrement de bagage aérien.

Le développement de l »utilisation des outils humains est tel que, pour la première fois dans l »histoire de l’humanité, le foisonnement d »objets manufacturés est susceptible d »engendrer des dommages irréversibles à notre écosystème.

En effet, aux avantages recherchés s »adjoignent des effets secondaires de ce développement sur nos conditions de vie et notre environnement naturel. Les objets et les déchets prolifèrent, des réactions en chaîne sont provoquées par certaines substances libérées dans la nature, des modifications de la surface et de l »atmosphère de la planète sont dues à cette dissémination tout comme à ces outils complexes et puissants utilisés aujourd’hui.

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Des débris de plastique qui pullulent dans l »océan (certains planctons contiennent jusqu’à 30% de leur poids en microparticules de plastique, qu »absorberont à leur tour les cétacés), aux retombées radioactives des 469 explosions nucléaires qui ont eu lieu à ciel ouvert au Kazakhstan à l »époque de l »Union soviétique dans le plus grand mépris du sort des populations locales (aujourd’hui encore, le nombre de cancers et de leucémies chez les adultes et les enfants est effrayant et de nombreux enfants monstrueux continuent de naître), les déchets ont maintenant un effet global sur notre existence.

Vingt-cinq ans après la catastrophe chimique de Bhopal en Inde, des dizaines de milliers de survivants souffrent encore des séquelles des pesticides libérés par l »explosion industrielle qui tua plus de 10.000 personnes (dont 3.500 sur le coup) et n »ont reçu que des indemnités de misère de la grande entreprise américaine Union Carbide, qui reste totalement indifférente à la tragédie humaine qu »elle a causée, bien loin de chez elle.

(A suivre…)