C’est à Koushinagar que Shakyamouni Bouddha entra en « Mahaparinirvana », la « grande transcendance de la souffrance ». Il était âgé de quatre-vingt ans quand, après avoir enseigné au Pic des Vautours à Rajgir, le Bouddha partit vers le Nord avec son neveu. Il se rendit à Nalanda puis à Vaishali, un endroit où il avait plusieurs fois séjourné et donné des enseignements sur la vérité ultime. Là, il donna un de ses derniers enseignements.
Quand le Bouddha arriva au lieudit Pava, Kounda, le fils d’un forgeron, lui offrit un repas comportant de la viande. Le Bouddha accepta cette nourriture, mais dit que personne d’autre ne devait y toucher. La raison était que la viande était mauvaise et devait produire les causes nécessaires à sa maladie. Bien qu’il ait le pouvoir de prolonger sa vie, le temps était venu pour le Bouddha de quitter ce monde. Il dit à Ananda que les mérites engendrés en offrant à un être illuminé son dernier repas étaient égaux à ceux engendrés en lui offrant de la nourriture juste avant son illumination.
Quand il arriva à Koushinagar avec ses disciples, le Bouddha alla dans le bois de Sala dont le propriétaire, un chef de caravanes marchandes, avait pour lui une grande dévotion. Là, entre deux paires d’arbre d’une taille inhabituelle, Shakyamouni se coucha sur le côté droit, dans la position du lion, le visage tourné vers le Nord.
A ses disciples qui lui demandaient pourquoi il avait choisi de mourir à Koushinagar il répondit qu’il y avait trois raisons. La première : Koushinagar était l’endroit idéal pour enseigner le soutra Mahaha-Soudassana. La deuxième était un homme nommé Soubhadra auquel il devait encore donner des enseignements et qui devint un Arhat par la suite. La troisième : il y avait à Koushinagar un vieux et sage brahmane très respecté qui s’appelait Doha et pourrait être un médiateur entre tous les disciples et les rois quand, inévitablement, ils discuteraient le partage des reliques du Bouddha.
Apprenant que la mort du Bouddha était imminente, les nobles de Koushinagar vinrent lui rendre hommage. Parmi eux était Soubhadra, un brahmane âgé de 120 ans, très respecté, auquel Ananda avait pourtant refusé plusieurs fois l’ordination monastique. Le Bouddha appela le brahmane, répondit à ses questions à propos des six doctrines erronées et lui révéla la vérité des enseignements bouddhistes. Soubhadra demanda de joindre la Sangha et fut donc le dernier moine ordonné par le Bouddha. Il s’assît un peu plus loin, se mit en méditation, atteignit rapidement l’état d’arhat et entra en parinirvana quelques instants avant Shakyamouni.
Comme approchait la troisième veille de la nuit, le Bouddha demanda par trois fois à ses disciples s’ils avaient encore des questions à poser sur ses enseignements ou sur les règles de discipline. Devant leur silence, il prononça la célèbre exhortation « L’impermanence est inhérente é toutes choses. Travaillez à votre propre liberté avec diligence ». Ensuite, passant par les différents états d’absorption méditative, Shakyamouni entra en Mahaparinirvana. La terre trembla, des étoiles filantes traversèrent le ciel, le ciel s’enflamma dans les dix directions et une musique céleste emplit l’espace. Le corps du maître fut lavé, revêtu de robes monastiques, enveloppé de mille linceuls et placé dans un cercueil de matières précieuses.
Sept jours durant, des offrandes furent faites par les dieux et les hommes. Ensuite le cercueil fut porté jusqu’au lieu de la crémation en grande procession. Malgré les efforts de plusieurs disciples, le bucher de bois aromatiques et d’huiles parfumées ne s’alluma pas. Un disciple du Bouddha qui était clairvoyant en expliqua la raison : le grand disciple Mahakasyapa était en route avec 500 étudiants pour venir rendre hommage au corps du Bouddha et le feu ne prendrait pas avant leur arrivée. Quand Mahakasyapa, se prosterna et rendit hommage, le bûcher s’enflamma spontanément.
Après la crémation, on examina les cendres pour y trouver des reliques. Il ne restait qu’un os du crâne, des dents et les linceuls intérieurs et extérieurs. Les Mallas de Koushinagar crurent qu’ils allaient avoir le privilège de recevoir toutes les reliques. Mais les représentants des huit pays qui constituaient alors l’Inde s’avancèrent pour les réclamer. Comme l’avait prédit le Bouddha, le brahmane Doha suggéra, pour éviter un conflit, que l’on répartisse les reliques en huit parts égales pour chacun d’eux. Chacun prit donc sa part de reliques pour l’emmener dans son pays et huit grands stupas furent construits pour les abriter.
Plus tard, les reliques furent à nouveau divisées par l’empereur Ashoka qui décida de faire construite 84.000 stupas. Aujourd’hui elles sont contenues dans un grand nombre de stupas disséminés dans toute l’Inde.