Pensamiento de la semana
En 2014, à Chengdu, j’avais rencontré Khénpo Tsultrim Lodrö, qui, avec Khénpo So-Dargyé, est le principal khénpo et successeur spirituel de Khénpo Jigmé Phuntsok. Il avait la cinquantaine, et je fus frappé par la simplicité et l’affabilité de ce grand érudit doublé d’un penseur engagé qui a notamment beaucoup contribué à la cause du végétarisme au Tibet. Il rappelle notamment comment, dans le Soutra du Grand Parinirvana, le Bouddha affirma : «Manger de la viande détruit la grande compassion.» L’adoption d’un régime végétarien a toujours existé au Tibet et fut promue par un grand nombre de maîtres du passé sans pour autant devenir majoritaire, sans doute en raison des conditions climatiques (la culture agricole est impossible au-dessus de 3800 mètres et les hivers sont très longs et particulièrement rudes). Khénpo Tsultrim Lodrö et ses disciples chinois remettent ainsi en liberté chaque année dans les lacs et rivières plus d’un million de poissons vivants achetés sur les marchés en gros, qui sont destinés à la consommation humaine.
Matthieu RicardMatthieu Ricard - Extrait de "Carnet d'un moine errant"