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L’invasion des déchets -5

(Extrait de la préface de Matthieu Ricard au Livre ‟Recycle”de Didier Ruef)

L’égoïsme aveugle

Imaginez un bateau avarié dans lequel il serait nécessaire d’utiliser toute la puissance des machines pour pomper l’eau des cales. Mais les passagers de première classe veulent continuer à utiliser l’air conditionné et autres facilités, et les passagers de deuxième classe ont pour seule préoccupation de se faire surclasser en première. Bientôt, tout le monde coule, après avoir utilisé l’air conditionné pendant quelques heures de plus, au lieu que tous soient sauvés. Sur un bateau normal, un capitaine prend les mesures nécessaires pour empêcher le naufrage. Ici, les passagers insistaient pour être leurs propres chefs.

L’équilibre des forces confrontées aux problèmes d’environnement et aux autres défis pressants de notre époque ressemble à celui de clans se disputant l’usufruit d’un bateau qui coule, d’une forêt en feu et d’une bombe à retardement.

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Un bureau d’études d’ingénieurs anglais annonçait récemment qu’en supposant que tous les ingénieurs en activité dans le monde se consacrent au développement des technologies permettant de produire des sources d’énergie renouvelable, un tel effort ne suffirait pas à ralentir le réchauffement global de la planète.

Ainsi que l’expliquait récemment un député vert anglais sur les ondes de la BBC : « Tout le problème du changement climatique réside dans le fait qu’il est débattu à un niveau intellectuel par des personnes qui vivent dans les villes où tout est artificiel. Ces gens-là ne font pas l’expérience des changements qui se déroulent dans la réalité. Des milliards de gens sont maintenant des citadins coupés des cycles naturels ; ils ne sont donc pas en mesure de se rendre compte par eux-mêmes des processus en jeu. En revanche, si vous discutez avec les membres des communautés qui habitent les forêts pluviales ou avec les populations les plus démunies qui tentent de faire pousser des céréales en Afrique, ils vous diront que le changement climatique est dramatique, qu’il est en train de se produire très vite, et qu’il a de graves implications au niveau de la nature et des moyens d’existence. » On peut en dire autant de la prolifération des déchets.

Les problèmes mondiaux ne peuvent être traités que par des institutions transnationales. Dans un monde global, les chefs d’Etats devraient jouer le rôle de gouverneurs de provinces, qui administrent les affaires locales et déférent à une autorité transnationale le sort de la planète.

(A suivre…)