Question posée dans une lettre reçue :
« Il me semblait que le bouddhisme ne croyait pas en l’âme et en la transmigration des âmes puisque la pratique bouddhique permettrait d’échapper aux cycles des réincarnations à travers en se libérant du karma. Comment dans ce cas expliquer les réincarnations de grands maîtres spirituels ? Je dois avouer que je rame un peu là! Est-ce une pratique culturelle, une croyance ?
Réponse :
Concernant la réincarnation, les méprises sont fréquentes et nombreuses même parmi les bouddhistes. Selon le bouddhisme, effectivement, il n’y a pas d’âme et il n’y a pas non plus de ‟personne” considérées comme des entités distinctes. Il n’y a qu’un flot dynamique d’expérience, instant après instant, que l’on appelle la conscience. Dans le monde de l’inanimé, il est admis que « rien ne se crée, rien de ne perd ». Il n’y a que des transformations. La matière ne peut naître ex nihilo. Selon le bouddhisme, il en va de même de la conscience, qui ne peut ni surgir de rien ni passer de l’existence phénoménale au néant. D’où l’idée d’un continuum de conscience qui se poursuit d’état d’être en état d’être.
Ce continuum n’implique nullement l’existence d’une âme ou d’un ‟moi”, pas plus qu’il n’existe une entité ‟Ganges” distincte du flot sans cesse changeant que l’on appelle le fleuve ‟Ganges”. Le ‟moi” n’est qu’une ‟désignation conceptuelle”, dénuée d’existence propre, attachée au flot de conscience. La ‟personne” est l’histoire d’un flot de conscience particulier, le vôtre étant diffèrent du mien.
Les êtres ordinaires n’ont guère de maitrise sur le flot de leur conscience et ne comprennent pas la nature fondamentale de la conscience. De ce fait, cette conscience est emportée comme une plume au vent par le Karma, en direction de divers modes d’existence.
Celui qui a réalisé la nature de la conscience est libéré de l’ignorance et des toxines mentales (haine, désir, arrogance, jalousie, etc.) et n’accumule plus de karma négatif. Le flot de son esprit est à la fois limpide (grâce à la connaissance) et flexible (grâce à l’entraînement). Un tel être est libéré du samsara et n’est plus contraint de se réincarner en raison de ses actes karmiques. C’est mû par une compassion sans limite pour les êtres qui souffrent dans le samsara qu’il fait voeœu de renaître volontairement pour accomplir le bien des êtres et les délivrer de la souffrance.