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Enseignements de Dilgo Khyentsé Rinpotché (1910-1991) sur la compassion

Quand nous pensons à l’infinité des êtres qui errent depuis si longtemps, semblables à des aveugles égarés sur une immense plaine, nous ne pouvons qu’éprouver pour eux une immense compassion. Mais la compassion seule ne suffit pas. Tant que notre esprit est limité par l’attachement, nous pouvons leur donner de la nourriture, des vêtements, de l’argent, ou simplement de l’affection, mais cela ne leur apporta, dans le meilleur des cas, qu’un bonheur temporaire et limité. Ce dont ils ont vraiment besoin, c’est d’être libérés définitivement de la souffrance, et nous ne pourront les y aider qu’en mettant en pratique les enseignements qui mènent à l’Eveil.

La vraie compassion s’adresse à tous les êtres, sans distinction entre amis et ennemis. Dédions donc au bien de tous les êtres chaque acte bénéfique que nous accomplissons, ne serait-ce que l’offrande d’une fleur ou la récitation d’un mantra.

Pour les grands maîtres du passé, l’enseignement le plus précieux était celui qui portait sur l’union de la vacuité et de la compassion. Ils cultivaient sans relâche les quatre pensées incommensurables —bonté, compassion, joie et impartialité — qui permettent d’aider spontanément les autres. Ils commençaient par l’étude approfondie des enseignements, puis ils faisaient l’expérience intérieure au moyen de la méditation, de ce qu’ils avaient appris. C’est l’authenticité de leur pratique qui les rendit célèbres, et le chemin qu’ils prirent est celui qui conduit tout droit à la grande félicité de l’Éveil.

Il est dit : ‟ Le souhait de rendre heureux les autres, même ceux qui nous font du mal, est la source du bonheur ultime. ” Celui qui en est capable éprouve une compassion spontanée pour tous les êtres.

Tous les êtres sont identiques dans leur désir d’être heureux et de ne pas souffrir. Ils ne diffèrent de moi que par leur nombre : je suis un, alors qu’eux sont innombrables. Mes joies et mes peines sont donc insignifiantes face aux bonheurs et aux malheurs des autres. Cette pensée est la base de l’esprit d’Éveil. Nous devrions souhaiter le bonheur d’autrui plus que le nôtre, en songeant particulièrement à nos ennemis et à ceux qui nous maltraitent. Sinon, à quoi servirait la compassion ?