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Si la haine répond à la haine

Vanaresi, Décembre 2010

« Si la haine répond à la haine, la haine ne cessera jamais. »

Bouddha Shakyamouni

Dans les jours tragiques que nous vivons, il est important de souligner que l’on peut éprouver une profonde aversion à l’égard de la barbarie et du fanatisme et faire tout son possible pour les contrecarrer, sans pour autant succomber à la haine.

On peut éprouver une répulsion sans bornes envers les méfaits commis par un individu ou un groupe d’individus, ainsi qu’une insondable tristesse à l’égard des souffrances qu’ils ont engendrées, sans pour autant céder au désir de vengeance.

On pense communément que répondre au mal par la fureur et la violence constitue une réaction « humaine », dictée par la souffrance et le besoin de justice. Mais une humanité véritable ne consiste-t-elle pas à éviter de réagir par la haine ? En 1993, en Afrique du Sud, une adolescente américaine fut tuée dans la rue par cinq voyous(1). Lors du procès, les parents de la victime, tous deux avocats, ont dit aux principaux agresseurs, en les regardant droit dans les yeux : « Nous ne voulons pas vous faire ce que vous avez fait à notre fille. » Cette attitude n’a rien à voir avec la faiblesse, la lâcheté ou un quelconque compromis. Il est possible d’avoir une conscience aiguë du caractère intolérable d’une situation et de la nécessité d’y remédier, sans pour autant être mû par la haine. 

Sinon, comme le disait Gandhi avec force : « Si l’on pratique “œil pour œil, dent pour dent ”, le monde entier sera bientôt aveugle et édenté. » 

J’ai entendu une fois à la télévision japonaise un homme politique dire à l’un de ses opposants en pleine session de l’Assemblée nationale : « Puissiez-vous mourir un million de fois ! » Pour celui qui ne pense qu’à se venger, même si son ennemi pouvait mourir un million de fois, cela ne suffirait toujours pas, car le but de la vengeance n’est pas de soulager notre peine, mais d’infliger de la souffrance aux autres. Comment pourrait-elle nous aider à retrouver notre paix intérieure et notre dignité ? 

Écoutons la voix d’Etty Hillesum qui périt dans un camp de concentration Nazi : « Et l’on parle d’exterminer, mieux vaudrait exterminer le mal en l’homme, et non l’homme lui-même. » 

Il ne faut jamais oublier qu’il ne peut y avoir de désarmement extérieur sans désarmement intérieur.

1. https://en.wikipedia.org/wiki/Amy_Biehl